Les veilleurs, éclaireurs d’un droit fondamental : l’accès à l’information
30 Sep, 2025
La journée mondiale du droit d’accès à l’information, ce 28 septembre, nous permet de rappeler combien, dans un contexte marqué par les fake news et l’infobésité, ce droit fondamental impose méthode, rigueur et esprit critique. Autant de qualités requises dans le secteur de la veille.
L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme l’explicite avec force : toute personne a le droit de « chercher, de recevoir et de répandre les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». Ce droit fondamental, pilier des sociétés démocratiques, semble aujourd’hui paradoxalement affaibli par une surabondance de contenus et de « fausses nouvelles ».
Une profusion d’informations qui fragilise le droit d’accès
La journée mondiale du droit d’accès à l’information, ce 28 septembre, nous permet de rappeler que l’accès à l’information n’a jamais été aussi vaste, immédiat, multiforme. Blogs, forums, réseaux sociaux, newsletters, chaînes vidéo, podcasts, vlogs, plateformes spécialisées… Les canaux se sont démultipliés, donnant à chaque fois un peu plus de puissance au tsunami informationnel qui frappe de plein fouet les sociétés contemporaines.
Face à cette déferlante, force est de constater que la réponse adaptée n’a pas encore eu lieu : le citoyen connecté ne s’est pas mué massivement en citoyen éclairé. Il faut dire que la massification de l’accès s’accompagne de nouveaux obstacles : monétisation croissante des contenus journalistiques, bulles informationnelles, prolifération des fake news, sans oublier les campagnes de désinformation savamment orchestrées à des fins économiques ou géopolitiques, dans le contexte anxiogène que l’on sait.
Le résultat est sans appel : là où l’information devrait éclairer, elle brouille. Là où elle devrait libérer, elle enferme parfois. Dans un sondage récent, 66% des Français estiment par exemple que le domaine de la santé est exposé aux fausses nouvelles (source : Vérian/Inserm, février 2025). S’informer est bel et bien devenu un exercice d’équilibriste, dans un monde où il faut à la fois maîtriser les outils, comprendre les contextes, et cultiver la distance critique.
Un devoir d’intelligence face au chaos informationnel
Dans cet écosystème aussi mouvant que complexe, le droit d’accès à l’information ne peut plus être envisagé comme une fin en soi. Il impose un devoir : celui d’apprendre à chercher, à trier, à hiérarchiser, à vérifier. Autrement dit, à veiller. Car s’il est une profession rompue à ces exigences, c’est bien celle des veilleurs.
À rebours du zapping permanent, les professionnels de la veille cultivent des méthodes rigoureuses : cadrage des besoins, sélection fine des sources, validation des contenus, diffusion structurée… Leurs pratiques reposent sur des qualités clés : curiosité, esprit de synthèse, maîtrise des outils numériques, compréhension sectorielle… Elles s’inscrivent dans une exigence centrale : savoir sourcer l’information, c’est-à-dire identifier l’auteur, le contexte, les intentions, mais aussi croiser les données, et refuser les évidences trop confortables.
Face aux infox, aux images manipulées, aux propos tronqués, la posture des veilleurs peut constituer une aide précieuse. Elle montre qu’accéder à l’information véritable, c’est avant tout exercer son esprit critique. Aux antipodes de la réception passive de données et d’une navigation distraite, il s’agit d’un processus actif, pour ne pas dire d’un travail de fond. Et c’est précisément cette rigueur que chacun, à son échelle – citoyen, étudiant, professionnel, retraité – est désormais invité à développer.
Protéger nos capacités de compréhension
Dans cette quête d’exactitude – d’aucuns parleront de capacité à raisonner, ou encore de « vérité » -, l’intelligence artificielle apporte à la fois des solutions… et de nouveaux dangers. Génération de textes biaisés, diffusion de deepfakes, automatisation de la rumeur… les dérives observées sont bien réelles. En revanche, utilisée à bon escient, l’IA permet d’automatiser certaines recherches, d’identifier des signaux faibles, de produire des synthèses utiles. Les outils boostés par l’intelligence artificielle offrent des gains de temps précieux, libérant les professionnels de l’analyse de tâches répétitives. C’est pourquoi il est crucial d’en maîtriser les usages, de les encadrer éthiquement, et de renforcer plus que jamais le rôle des humains dans la chaîne de validation de l’information.
En cette Journée mondiale du droit d’accès à l’information, sachons nous souvenir qu’informer ne suffit pas : encore faut-il éduquer à l’information, à savoir cultiver des réflexes, enseigner le doute sain, outiller les esprits. Parce que la connaissance, dans un monde en perpétuel déséquilibre, demeure notre meilleure boussole. Et parce que veiller, au fond, c’est aussi protéger ce que nous avons de plus précieux : notre liberté de comprendre.
Arnaud Marquant
Directeur des opérations
KB Crawl SAS
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